Remise en eau le 8 octobre 2024, la Lône de Jonage, un des bras du Rhône asséché depuis des décennies est toujours en expérimentation. Mais le bilan commence à se dessiner. L’objectif est simple : restaurer des milieux humides typiques des annexes fluviales du Rhône. Et surtout faire revenir la biodiversité.
Là où s’étendait autrefois un bras asséché du Rhône, coule aujourd’hui un cours d’eau vivant, serpentant à travers la végétation du Grand Parc Miribel Jonage. Un projet qui semblait impossible après la première expérimentation en 2019. Elle avait été arrêtée brusquement suite à des problèmes liés aux captages des Vernes. Pierre Athanaze, vice-président Eau et milieux aquatiques du SYMALIM et vice-président de la Métropole de Lyon, revient sur les débuts et les avancées de ce grand projet autour de la Lône de Jonage.
« On a commencé en 2021 à discuter avec les différents partenaires. On travaille réellement depuis 2023 sur le projet de remise en eau. Avec des débits qui sont bien mieux maîtrisés qu’à l’époque et avec beaucoup plus de contrôles. De nombreux piézomètre ont été posés. Ce qui nous permet de nous alerter si l’eau partait dans le sens du captage. »
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La remise en eau a métamorphosé les paysages. La nature n’a pas tardé à reconquérir ce territoire qui lui était autrefois familier. En parcourant les berges de la lône, on découvre déjà une mosaïque d’habitats étonnamment diversifiés. Zones d’eaux courantes et stagnantes. Profondeurs variables atteignant parfois deux mètres et différentes berges.
Potamot, batraciens, oiseaux et libellules…
Un environnement idéal pour le retour de nombreuses espèces de végétaux comme l’explique Pierre Athanaze : « On retrouve déjà du potamot. On a des plantes qui sont intéressantes. Est-ce que c’est des graines qui étaient en dormance depuis longtemps ? On sait qu’on a du potamot sur d’autres rivières aussi. Et au niveau de la faune, on a déjà des batraciens qui sont présents. Et évidemment des libellules et des oiseaux qui vont venir. »

Pour suivre cette évolution prometteuse, un programme de suivi écologique ambitieux a été mis en place. Le Conservatoire Botanique National du Massif Central surveille l’évolution des plantes aquatiques et l’impact sur la forêt alluviale.
Nicolas Guillerme, directeur du Conservatoire Botanique national du Massif-Central partage sa mission première dans cette collaboration : « Le rôle du conservatoire, c’est de voir comment les végétaux vont recoloniser cette lône de Jonage. L’intérêt de travailler plutôt sur la flore, c’est que ce sont des espèces qui sont les premières colonisatrices. Et qui en même temps, pour les espèces qui vivent en milieux aquatiques, donne de grandes indications pour savoir quels types d’espèces recolonisent. Et si c’est celles qu’on attendait au regard de cette expérience. »
A la croisée de différents climats
Le lieu va se réadapter tout seul grâce au cours d’eau, mais aussi par son emplacement. Nicolas Guillerme explique les raisons : « Ce qui explique cette richesse végétale, c’est que Miribel c’est aussi à la croisée entre différents climats. Le Rhône qui alimente une partie de Miribel vient des Alpes. On n’est pas loin des Alpes. Il y a beaucoup d’espèces qui dévalent les Alpes, qui viennent avec les crues. Et en même temps, on est sous influence de la vallée du Rhône avec un climat qui est plutôt méditerranéen. On n’est pas très haut en altitude. Et juste sur le contrefort de ce qu’on appelle le Massif Central. Avec une influence plus continental ou plus atlantique. »
Le projet est encore en expérimentation et une synthèse complète des observations, intégrant les résultats hydromorphologiques, sera présentée en octobre 2025 pour constater les avancées.
La Lône de Jonage, jadis oubliée, retrouve ainsi peu à peu sa place dans l’écosystème rhodanien. Prouvant qu’avec patience et détermination, la nature peut reprendre ses droits…
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