L’association Envie Rhône-Alpes, acteur historique de l’économie sociale et solidaire spécialisé dans la collecte, la rénovation et la revente d’appareils électroménagers, a été placée en redressement judiciaire. Cette décision soulève des interrogations quant à l’avenir de cette structure qui emploie de nombreuses personnes en insertion professionnelle.
Depuis sa création, Envie Rhône-Alpes s’est imposée comme un pilier de l’économie circulaire et de l’insertion par l’activité économique. L‘association offre une seconde vie à des milliers d’appareils, luttant ainsi contre le gaspillage et favorisant le réemploi.

Une mission sociale et environnementale reconnue
Parallèlement, elle permet à des personnes éloignées de l’emploi de se former à des métiers techniques et de retrouver le chemin de la vie professionnelle. Son modèle, basé sur la solidarité et le développement durable, a longtemps été cité en exemple.
Plusieurs facteurs ont concouru aux difficultés financières qui ont mené Envie Rhône-Alpes au redressement judiciaire.
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D’abord une concurrence accrue et une évolution du marché… Le marché de l’électroménager reconditionné a connu une forte croissance ces dernières années, attirant de nouveaux acteurs, y compris des entreprises privées et des plateformes en ligne.
Cette intensification de la concurrence a pu éroder les parts de marché d’Envie Rhône-Alpes, qui opère avec des contraintes spécifiques liées à son statut d’entreprise d’insertion.
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Inflation et augmentation des coûts
Comme de nombreuses structures, l’association a dû faire face à l’augmentation significative des coûts de l’énergie, des transports et des matières premières, impactant directement sa marge de manœuvre financière.
Pour en savoir plus, nous avons rencontré Guido Locatelli, PDG d’Envie Rhône-Alpes

« On a vu arriver la loi AGEC avec enthousiasme. puisque c’est une loi ambitieuse qui vise à développer très fortement l’activité de réemploi qu’Envie porte historiquement. Seule notre activité réemploi est en difficultés… C’est une activité sur laquelle on a investi beaucoup, dans l’espoir justement de booster le réemploi. Et on a trop investi par rapport à ce qu’on a été capable de développer. Il y a trois ans, quand on a investi dans des nouveaux sites à Saint-Etienne et à Grenoble, on avait l’espoir de multiplier par deux les volumes produits et vendus. Cela n’a pas été le cas…Aujourd’hui, ce marché du réemploi en France est en crise, il y a beaucoup d’acteurs qui s’y intéressent, mais on n’a pas encore de modèle économique qui est vraiment viable » explique Guido Locatelli.
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Une régulation nécessaire pour créer un modèle économique autour du réemploi
« Quand on fait du réemploi, on rénove une machine produite très rapidement dans des usines. En quelques minutes, dans des pays à bas coût… Et nous, en fait, on passe plusieurs heures à la remettre en état. Donc ça a un coût. Mais pour la vendre, il faut qu’on la vende pas cher. D’autant plus, qu’on a des produits concurrents low cost qui viennent d’Asie. qui coûtent à peu près la même chose. Donc, on se retrouve à devoir vendre pas cher des produits. Qui, finalement, ont une valeur environnementale que le marché n’est pas capable de payer ».
Guido Locatelli prone une régulation du secteur du réemploi : « Pour lancer ce marché, il faut le soutenir… On est en crise parce qu’il y a beaucoup d’acteurs qui y vont et il n’y a pas assez, en fait, de régulation. Et c’est normal, en fait, probablement. ..Il faut que ce marché se mette en place. Et il faut que, de mon point de vue, les pouvoirs publics s’emparent de cette problématique sociétale sérieuse dans le contexte environnemental actuel, pour le réguler et le faire décoller ».
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Quel avenir pour Envie Rhône-Alpes ?
Le placement en redressement judiciaire vise à permettre à l’association de réorganiser son activité et d’assainir ses finances, sous l’égide d’un administrateur judiciaire. Cette période d’observation est de 6 mois renouvelable. Elle offre une chance de survie, mais elle est également synonyme d’incertitude pour les salariés et les bénéficiaires de l’insertion.
Les prochains mois seront cruciaux. Il s’agira pour Envie Rhône-Alpes de présenter un plan de redressement solide et viable. Plan qui pourrait inclure une restructuration de ses activités, une optimisation de ses coûts. Ou la recherche de nouveaux partenariats et sources de financement.
La mobilisation des pouvoirs publics et des acteurs de l’économie sociale et solidaire sera essentielle pour soutenir cette association. Dont la mission reste plus que jamais d’actualité.
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