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« Des vœux pour ne rien dire ou des vœux à vivre » Bernard Devert

Publié le 11 janvier 2024 01:49

Par Gérald Bouchon

Tous les mois, retrouvez sur Lyon Demain l’édito de Bernard Devert sur Lyon Demain. En ce mois de janvier, il est question de vœux…

Chaque mois, Bernard Devert, président-fondateur d’Habitat et Humanisme, nous fait part de sa réflexion sur la société qui nous entoure avec son lot d’espoir et d’inquiétude… Son édito s’intitule, en ce début d’année « Des vœux pour ne rien dire ou des vœux à vivre ».

Ecoutez le podcast…

Bernard Devert – édito janvier 2024

Les traditions se perdent, dit-on, mais il en est une, la présentation des vœux qui se maintient comme pour exorciser la violence et le tragique qui s’étale sans pudeur. Personne n’est dupe.

Le meilleur, toujours échangé, traduit la recherche d’une ouverture qui pourrait pourtant se révéler « la chance » de nouveaux récits de vie dans cette attention vigilante à « faire du neuf ».

Or, ces vœux, aussitôt que sont passés les premiers jours de l’an, demeurent dans l’oubli, en en gardant parfois quelques traces via de belles cartes accompagnées de mots qui ont touché.

Alors des vœux pour rien !

Non, ces vœux sont une tentative d’un monde autrement. Un essai qui demeure sans lendemain pour ne point être transformé. Ne serait-ce pas une paralysie de l’esprit pour juger que l’espoir des premiers jours ne saurait traverser tous nos jours ; une utopie encadrée par la trêve des confiseurs !

Souhaiter le meilleur ne saurait être une simple formule

Aurions-nous peur de changer et de faire changer en acceptant de prendre au sérieux ces vœux pour les considérer comme des enjeux de vie, pour la part qui nous revient.

Souhaiter le meilleur ne saurait être une simple formule. Quand les mots s’ajoutent à d’autres mots sans parvenir à être une parole qui engage, alors les faux-semblants s’accumulent avec pour conséquence le poids des fatalités, jetant les promesses dans les abîmes.

C’est en se mobilisant que le rêve devient une réalité ; c’est en décuplant nos énergies que les obstacles se franchissent, jusqu’à entrevoir, ô surprise, un autrement.

« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve » (Hölderlin). Ne laissons pas nos vœux emportés par la magie du verbe. Si le Verbe s’est fait chair, c’est un appel à ce que notre parole prenne corps et cœur au sein de nos engagements. Saint-Exupéry souligne très justement que le prophète n’est pas celui qui dit l’avenir, mais celui qui le rend possible.

Oui, ces ‘possibles’ sont évalués comme des utopies irréalisables au lieu de les envisager comme une orientation, un sens, ou encore une responsabilité, créant des liens de l’inattendu, souvent de l’inespéré.

« L’espérance est un risque à courir ».

Difficile ce chemin pour être souvent abrupt, d’autant que les doutes sont distillés à l’envi et amplifiés par des porte-voix qui, sous couvert d’une sagesse trompeuse, tentent d’interrompre cette marche au nom de la prudence sans voir qu’elle éloigne de l’espérance.

De son exil brésilien tourmenté, Georges Bernanos, écrivit : « l’espérance est un risque à courir ».

Demandons-nous quels risques allons-nous courir cette année. Vivre, c’est faire vivre, par-là même refuser l’indifférence pour ne pas accepter ces situations dégradantes qui nous déshumanisent pour les tolérer. Impossible, sauf à entrer dans un déni, de les occulter, tant elles jonchent nos rues et nos places.

La question : où est l’espérance ; elle est précisément là, si nous voulons bien nous déplacer et considérer, comme Bernanos, qu’elle relève d’un désarroi surmonté.

2024 est l’année de l’Olympe. Ne la vivons pas seulement dans les stades mais à partir de nos vœux, entendus comme des enjeux. Alors déjouant les fatalités qui accablent, acceptons d’entrer dans la mêlée et de nous mêler de ce qui nous regarde pour ne plus observer la pauvreté, mais de tenter de l’éradiquer afin de la mettre sur la touche. Il s’ensuivra une transformation des relations.

Souvenons-nous, là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve, pour autant que nous ne nous échappions pas de ce meilleur qui ne surgit que là où nous le bâtissons ; tout le reste est vanité ou puérilité.

Courage, habitons notre responsabilité, elle nous fait grandir si nous veillons à ne pas la fuir ; heureuse année, alors.

Ecoutez aussi : Le Réveillon de la Solidarité réunit les générations à Lyon

voeux 2024
Gérald Bouchon

Gérald Bouchon

Pionnier des radios libres, passionné de radio, journaliste et dirigeant de médias éco-responsables..

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