Depuis l’annonce du budget 2025 de la culture en France, les coupes budgétaires se succèdent. Et les institutions sont de plus en plus touchées. À Villeurbanne, le TNP n’est pas épargné et annonce sa nouvelle saison 2025-2026 avec quelques réticences.
C’est dans un contexte budgétaire compliqué que le TNP annonce sa nouvelle saison 2025-2026. Avec 71 000 tickets proposés au public contre 86 000 cette saison, soit 21 % de levers de rideau en moins…
Pour autant Jean Bellorini, directeur du TNP, compte bien assurer presque autant de créations et de coproductions que l’année passée. Il exprime ce qu’il souhaite montrer avec cette programmation : « Je crois qu’on arrive encore à faire du beau théâtre. Du théâtre dans sa diversité, dans ses couleurs les plus différentes. Qui vient de loin et de tout près. C’est le théâtre d’ici et d’ailleurs, c’est ça la ligne du TNP depuis que je suis arrivé. On a encore la possibilité d’accueillir des grands metteurs en scène comme Guy Cassiers, comme Joël Pommerat, comme Christoph Marthaler. Et en même temps la possibilité d’aider des créations avec des metteuses en scène comme Clara Hédouin, comme Mélody Amy- Wallet. On a encore la possibilité d’accompagner, et c’est ce qui le plus important, des temps longs pour des artistes qui ont besoin de chercher avant de trouver. »
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L’avant-dernière saison de Jean Bellorini
Même si pour son avant – dernière saison Jean Bellorini semble plutôt optimiste, il reste assez pessimiste sur le long terme et souhaite que le théâtre subisse certains changements pour continuer au mieux, même après son départ en 2027. « Je ne fais pas du théâtre pour être seul. Je fais du théâtre pour être avec mes amis, les acteurs, les comédiennes, les comédiens… toutes celles et ceux qui accompagnent la fabrication d’un spectacle. Et c’est ça qu’on vient chercher quand on rentre dans un théâtre, c’est la sensation de fraternité. Et donc peut-être que c’est ça qu’il faut remettre en avant. Plus que la sensation de participer à la meilleure tenue qui soit d’une entreprise quelle qu’elle soit. »
Une fraternité qui, selon lui, se heurte aujourd’hui à une logique sécuritaire, une société qui se referme, plus soucieuse d’encadrer que de faire confiance. Il nous partage ses inquiétudes. « Ce qu’on permettait de faire il y a quelques années aujourd’hui il faut le cadrer plus. Il faut le protéger plus par soucis de peur, de manque de confiance. Il faut retrouver de la confiance dans le projet du théâtre. »
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Un public toujours présent et engagé
Malgré ses nombreuses difficultés et les crises que la culture a traversé ses dernières années, notamment avec la Covid. Le public du TNP est là. Massif, présent et passionné. Une fidélité qui fait face au discours souvent alarmant sur la culture, de quoi réjouir le directeur du TNP. « LE public le montre en étant extrêmement présent, engage et investi, avec un taux de remplissage énorme, de plus de 85%. Il y a une ferveur immense. Nous avons besoin de nous rappeler à notre humanité. Nous avons besoin de nous rappeler nos fragilités à travers le théâtre. »
Et cette humanité, elle se retrouve aussi dans les 27 pièces que le TNP programme 2025 et 2026. Une saison que Jean Bellorini a voulu porter avec des écritures fortes, parfois venues de loin. Et qui saura vous transporter.
En fin de saison, Jean Bellorini offrira sa propre création : Le Petit Prince, dans une version franco-mandarin. Un spectacle fort qui porte un message, qu’il partage. « J’ai voulu tenter de raconter qu’on peut dépasser les barrières diplomatiques entre des cultures différentes. Entre la Chine et la France aujourd’hui. Moi je ne m’adresse pas aux puissances politiques ou gouvernementales. Je m’adresse au cœur des gens. »
Le coup d’envoi de cette belle programmation, c’est le 10 septembre avec Eszter Salamon avec son spectacle Monument 0.10 : The Living Monument, lors de la Biennale de la danse.
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