Il y a 20 ans, la loi du 11 février 2005 promettait l’égalité des droits et des chances, pour les personnes handicapées… Mais les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes.
Les personnes en situation de handicap sont encore, au quotidien, empêchées et privées de leurs droits fondamentaux comme se déplacer librement, aller à l’école, travailler, se soigner, avoir un logement, des loisirs, une vie intime… La Loi handicap 2005 n’a pas permis les avancées attendues…
Nous avons rencontré Jean-Luc Saber. Il nous raconte ses difficultés au quotidien. « J’ai un handicap moteur évolutif. Suite à un accident de trajet dans le métro, je suis tombé sur le genou. J’ai eu une rupture du tendon du quadriceps non diagnostiquée à temps. Avec, comme séquelle, une atrophie musculaire. L’arthrose s’est posée dessus. C’est de plus en plus invalidant. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, j’ai été victime d’une surdité brusque au début du Covid qui m’a fait perdre ma bonne oreille » détaille le Villeurbannais.
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« On est dans un monde où culturellement, on se paye la tête des sourds. Les sourds sont objets de raillerie, de mépris, contrairement aux aveugles, par exemple. Nos interlocuteurs, comme c’est un handicap invisible, ne mesurent pas l’importance du handicap. Pour ma part, je ne circule pas en fauteuil. Je circule sur les trottoirs sur mes jambes. On s’imagine que les trottoirs sont plats. Non, ils sont presque tous en pente. Des trottoirs sont abaissés pour prendre en compte les personnes handicapées. Mais pour moi, c’est comme si j’étais obligé de gravir l’Himalaya«
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11 février 2025 : un « non-anniversaire »
Pour les 20 ans de la loi Handicap, les associations expliquent qu’il s’agit d’un non -anniversaire. La délégation APF France Handicap du Rhône se mobilise pour exiger que la République respecte enfin ses engagements. Nous avons rencontré le représentant régional de l’APF, Thierry Abert.
« Le gouvernement avait mis en place les ADAP, Agenda d’Accessibilité Programmée. Qui donnaient en fait 3 ans, 6 ans ou 9 ans pour que tous les établissements recevant du public se mettent en accessibilité. Les ADAP sont terminés depuis longtemps. On s’aperçoit que le compte n’y est toujours pas. Et pour cause, les sanctions n’ont jamais été appliquées. »
Les plus grandes villes ne sont pas forcément les mieux adaptées. On pense notamment à Paris et à son métro presque inaccessible. « La Métropole de Lyon fait des efforts. Mais après, sorti de la Métropole, dans les petits villages ? Or, on a autant le droit d’aller habiter dans un petit village que dans une grande ville. Des services de substitution sont mis en place pour palier le manque d’accessibilité, notamment au niveau des transports. On propose un véhicule spécifique pour accompagner la personne handicapée. Mais quand, en fac, vous avez un jeune qui est handicapé, si ses copains décident de traverser la ville pour aller manger une pizza… Le jeune handicapé ne peut pas se joindre à eux. Il n’a pas prévu son transport. Il se trouve marginalisé » explique Thierry Abert.
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Faisons bouger la République
Le mouvement national « Faisons bouger la République », porté par APF France handicap et le Collectif Handicaps, rassemble 54 associations représentatives des personnes en situation de handicap, des familles et de leurs proches. Toutes sont engagées pour le respect des droits des 12 millions de personnes en situation de handicap et des 11 millions d’aidants en France. Elles rappellent que chacun, chacune, à son niveau, peut et doit agir pour construire une société plus inclusive.
Mais l’Etat doit aussi respecter ses engagements en matière de droits humains. Les entreprises doivent devenir de véritables actrices de l’inclusion, en agissant pour l’accessibilité et contre les discriminations.
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