Tous les mois, retrouvez sur Lyon Demain, l’édito de Bernard Devert, président fondateur d’Habitat et Humanisme
Chaque mois, Bernard Devert, président-fondateur d’Habitat et Humanisme, nous fait part de sa réflexion sur la société qui nous entoure avec son lot d’espoir et d’inquiétude… Son édito, en début d’année 2025, s’intitule « Le sans-abrisme n’est pas une fatalité » .
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» J’ai mauvaise conscience. Sans doute êtes-vous un certain nombre à partager ce ressenti amer quant à ces sans-abri qui attendent un toit. Une situation rampante et déshumanisante qui s’aggrave d’autant que le drame se banalise. Difficile de ne pas voir ces toiles de tentes qui s’étendent dans les villes, plus particulièrement les métropoles.
La rue ne peut être un abri
La rue ne peut être un abri. Ne nous serions-nous abrités derrière un fatalisme jetant un voile pudique sur les responsabilités inhérentes à la fraternité. Chaque être, quel que soit son histoire, a droit au respect de ce qu’il est, de son intimité. Le toit en est une des conditions inviolables, sauf à consentir à une non-assistance à personne en danger, un délit sur le plan juridique, je n’ose pas le qualifier sur le plan moral.
Que de portes fermées, paradoxalement, laisse entendre à ceux qui ne trouvent point ce toit, un bruit qui claque, celui du mépris. Vous êtes dehors pour n’avoir rien, pour n’être rien. Terrible. Prenons conscience de la souffrance de ces visages, que la grande pauvreté abîme.
Étonnant le silence de ces hommes et de ces femmes, seraient-ils des résignés ? parfois, mais nombre d’entre eux, incroyables, demeurent habités par la confiance qu’un jour nous entendrons et comprendrons leur détresse.
Citons Bernanos, ce prophète précisément de l’espérance. Aimer, dit-il, pour comprendre et comprendre pour aimer. Quand comprendrons-nous au point d’agir pour relever le défi ? Je mesure ma responsabilité à l’égard de cette maman qui chaque soir, depuis des mois, trouve comme abri le collège où sont scolarisées ces enfants. Et les têtes soignantes dans un grand hôpital, lequel est loin d’être indifférent pour avoir lancé un SOS en désespoir de cause.
Réduire la vacance des logements
Ce cas est loin d’être isolé. Le sujet n’est pas de dénoncer, mais d’énoncer des propositions crédibles au fin de sortir de ces abominables situations. Au regard de ces urgences, notre fonds de dotation « Acteurs d’Humanité » participent à des aides ponctuelles pour que les plus vulnérables, c’est un comble, ne soient pas les derniers accueillis dans les logements sociaux.
Vous savez aussi, notre volonté de réduire la vacance des logements. Elle est très importante. Je l’ai évoquée plusieurs fois dans mes chroniques. Sans doute, me suis-je mal fait comprendre ? Ces mesures, si certains d’entre vous pouvaient l’envisager, réenchanteraient bien des relations. Je ne désespère pas qu’elles trouveront leur place, me rappelant là encore les mots de Bernanos. « Il faut qu’une idée s’incarne, qu’elle s’incarne dans nos cœurs, qu’elle y prenne le mouvement et la chaleur de la vie ». N’est-ce pas aussi cela ? incarner l’espérance.
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