Le Musée Soieries Brochier a ouvert ses portes en 2022 à l’Hôtel-Dieu de Lyon. Il nous propose de découvrir l’histoire de la soie du XVe siècle à nos jours. Car si la soie est une tradition lyonnaise, c’est aussi un tissu ancré dans l’histoire contemporaine. La visite du musée réserve quelques surprises…

Chaque année, le festival de la soie Silk in Lyon s’installe au Palais de la Bourse. Un bel écrin pour montrer le dynamisme actuel d’une filière qui a fait la réputation de Lyon. Mais la soie a aussi son musée. Au Musée Soieries Brochier, l’histoire de la soie est racontée par le prisme d’un grande maison de soyeux. La Maison Brochier a été créée en 1890 et n’a, depuis, cessé de faire briller Lyon en France et à l’international.

Situé quai Jules Courmont, au sein de l’Hôtel-Dieu, le musée présente, en ce moment, une collection de robes en velours façonnés des marques Brochier Soieries et Bianchini Férier. En 2002, Brochier a racheté Bianchini-Férier.

Le tissage du velours de soie est un savoir-faire réputé à Lyon. Lili Gaubin, Américaine vivant à Chigaco, contacte un jour Cédric Brochier pour créer et imprimer un carré de soie pour le 125ème anniversaire de l’Alliance Française de Chicago.

Des robes en velours façonné ont traversé l’Atlantique pour revenir à Lyon

Un premier contact qui va faire naitre une belle histoire que nous raconte Lili : « L’Argentine a été un gros importateur de soieries Bianchini. Ma mère possédait 1000 robes. Avec Cédric Brochier, nous n’avons pas eu de mal à identifier celles confectionnées avec ce velours façonné fabriqué à Lyon. Il est venu sur place nous avons décidé de les exposer au musée. Ce sont des preuves du rayonnement de la France. C’est un produit fabriqué exclusivement à Lyon qui a été exporté dans le monde entier. Ce sont des robes qui ont été portées par ma mère, portées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. Les voir aujourd’hui dans un musée lyonnais, c’est une grande émotion car c’est aussi un hommage à maman ».

Ecoutez le podcast :

Ecoutez aussi : Silk in Lyon 2023 : « la soie lyonnaise reste exceptionnelle »

Brochier est un grand nom de la soie. Cédric Brochier est l’héritier d’une famille et d’une tradition. Car la première activité dans la soie pour les Brochier remonte à 1890.

Cédric a accepté de revenir sur cette histoire de la soie en nous faisant visiter le musée ouvert en 2022.

« Notre ADN, c’est toujours marcher, ne jamais s’endormir… »

« Depuis 1890, c’est une histoire qui ne s’est jamais arrêtée. La soierie a connu des rebondissements, des difficultés, mais on a toujours réussi à sauver la société. On a tissé d’autres fibres, des tissus techniques, intelligents. On a voyagé dans le monde entier pour trouver de nouveaux marchés, de nouveaux clients… Notre ADN, c’est toujours marcher, ne jamais s’endormir… »

La saga Brochier

Cédric Brochier est intarissable sur l’histoire de la soie. « Les rois de France ont été de grands consommateurs de soie. Le clergé aussi… Mais toute la soie venait d’Italie. a un moment, les rois ont décidé de rapatrier le savoir-faire en France. François Ier a fait venir des tisserands florentins. Il y a eu ensuite des facilités offertes à Lyon pour que notre ville puisse commercer la soie. Les sociétés se sont créées. certaines pour l’ameublement et d’autres pour l’habillement. Napoléon a aussi jouer un rôle important. En 1890, la haute-couture est arrivée. Et mon grand-père a créé la société Brochier à ce moment-là. On s’est spécialisé dans les tissus les plus compliqués, donc les plus chers, mais c’est aussi un marché compliqué car les créateurs de mode sont souvent des divas. La mode, c’est tous les 6 mois et il faut toujours réinventer… »

Brochier Soieries : l’innovation toujours en ligne de mire

Au Musée Brochier, vous allez découvrir un métier à bras mécanique Jacquard de 1880. Mais aussi des planches d’impression. Des inventions racontés : comme le tissu d’ameublement ininflammable créé à partir de la fibre de verre de Saint-Gobain après la Seconde Guerre mondiale. Sans oublier les nouveaux textiles conçus à partir de fibre optique et qui servent encore aujourd’hui le secteur de l’aéronautique.

« On est venu nous demander des tissus techniques pour le nez du Concorde. Il fallait répondre à une problématique liée aux ondes qui devaient traverser la matière. Comme on a toujours été innovants et passionnés, on a accepté le challenge. Le métier sur lequel on arrive à tisser le nez du Concorde, c’est un métier de velours façonné. Et aujourd’hui le nez du Rafale est encore tissé sur ce même métier ».

Musée Soieries Brochier
18 quai Jules Courmont
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h, dimanche de 10h à 18h

Ecoutez aussi : Trois marques lyonnaises pour affirmer sa lyonnitude