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Semaine Bleue : « Vivre » Bernard Devert

Semaine Bleue

Publié le jeudi 16 octobre 2025 22:35

Par Gérald Bouchon

Chaque mois, Bernard Devert, président-fondateur d’Habitat et Humanisme, nous propose son édito. Pour cette Semaine Bleue, il s’intitule : « Vivre »

Chaque mois, Bernard Devert, président-fondateur d’Habitat et Humanisme, nous fait part de sa réflexion sur la société qui nous entoure. Avec son lot d’espoir et d’inquiétude… Son édito, pour cette Semaine Bleue, s’intitule : « Vivre »

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« Dans la vie, n’est-on pas tous un peu des « bleus », mais plus encore devant nos grands aînés qui souffrent, « les diables bleus », au sens où l’expression signifie mélancolique, désabusé.

S’ouvre chaque année, à pareille époque, la « Semaine Bleue » réservée aux personne âgées. Ce moment remonte à 1951, nommé alors la « Semaine des vieillards ».

Ce changement de nom, fort heureux, dit aussi que nos aînés trouvent mieux leur place dans la Société, sachant qu’au cours de ces 70 ans, le vieillissement n’est plus le même aujourd’hui, l’espérance de vie ayant augmenté sur cette période de près de 20 ans.

Pourquoi ce nom de « Semaine Bleue » ? L’horizon qui s’éclaire, sans doute, mais cette couleur est signe de sagesse et de plénitude.

Dans son livre « Vivre », Robert Badinter dit, au soir de son existence, de ne rien regretter. Seulement que l’avenir ne soit plus devant lui, qu’il se soit transformé en passé derrière moi. Ce retour, ajoute-t-il, dans mes souvenirs a été douloureux. Joyeux aussi, parfois, mais douloureux souvent.

Rencontrer nos aînés, c’est aussi leur permettre d’exprimer le souvenir de ceux avec lesquels ils ont vécu, désormais disparus de par la mort, les séparations affectives, notamment, mais pas seulement. En les écoutant, ne sommes-nous pas appelés à susciter ce passage où le souvenir devient mémoire de vie.

Les relations qui construisent comportent souvent, fort heureusement, des moments à partir desquels on a été portés, transportés. En habitant leur mémoire, c’est retrouver la source d’un émerveillement et d’élans radieux qui font vivre, plus encore, vibrer.

Il y a quelques semaines, j’ai eu la joie – permettez-moi de vous la partager – d’entendre cet homme qui, au sortir de l’hôpital, attendu son isolement affectif et sa santé, ne pouvait pas revenir à son domicile. Aussi, accepta-t-il d’entrer dans ce qui est tristement nommé, l’Ehpad.

Effaçons cet acronyme pour lui préférer celui de maison de vie et de soins. Accompagnant cet ami, il me dit très simplement, sans amertume : « je suis entré pour mourir ». Voici que quelques jours plus tard, reprenant contact avec lui, son visage était comme éclairé, pacifié. Il n’était plus question de l’attente de la mort. J’ai compris, me dit-il, que j’étais entré pour vivre ma mort. Naturellement, tout était changé, bouleversé.

L’attente avait une actualité, mais plus d’acuité pour ne pas vouloir se dérober, la mort partie intégrante de la vie, il entendait la vivre… debout.

Ces derniers mots, j’osais les risquer auprès de lui. C’est cela me dit-il, se lever, faire se lever ; n’est-ce pas précisément les mots mêmes de la Résurrection. Se lever, c’est refuser de se laisser enfermer. La mort vécue comme un temps de vie ne libèrerait-elle pas de cette idée de possession de soi, se révélant un enfer pour alors quitter toute relation. L’enfer, c’est se posséder.

« Si vieillesse pouvait et si jeunesse savait ». Ce proverbe n’est pas juste. Que sait-on quand le savoir, ou ce que l’on croit savoir, n’est pas passé au crible de l’expérience. De même que la question de pouvoir n’est pas liée seulement à la force de l’âge, mais à cette capacité de sauver ce qui doit et peut l’être, ce possible de la liberté qui, seul, ouvre sur une Présence nous faisant naître à un autrement.

La vie est une aventure et une ouverture. Mère Teresa disait : ose-là.

Oser, risquer, c’est vivre ; là, il n’y a pas d’âge ».

Ecoutez aussi : « Servir, chemin de liberté » Bernard Devert

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Bernard Devert
Gérald Bouchon

Gérald Bouchon

Pionnier des radios libres, passionné de radio, journaliste et dirigeant de médias éco-responsables..

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