C’est une réalité invisible qui se cache derrière les amphis et les bibliothèques universitaires. À Lyon, comme dans de nombreuses métropoles françaises, la précarité étudiante ne se limite plus au contenu de l’assiette. Elle touche désormais l’intime : l’hygiène. L’association La Cloche a eu pour idée de développer un réseau de laveries solidaires pour les étudiants.
Entre le coût des produits et le prix exorbitant des laveries privées, de nombreux jeunes sacrifient leur propreté pour boucler leurs fins de mois. La Fondation SMERRA récompense chaque année les lauréats du concours L’Agitateur… Un boosteur d’initiatives étudiantes, comme nous l’explique Rémi Lautrey, coordinateur de l’Agitateur. « L’Agitateur, c’est un appel à projets national qui vise à récompenser des initiatives portées par des étudiants ou en faveur des étudiants. On a eu 15 porteurs de projets qui ont fait partie de la promo 2025. Trois ont reçu un prix de 4000 euros, un véritable boost pour ces projet. Donc nous avons récompensé Accès-Cité à Saint-Lô, Capu à Paris et donc La Cloche à Lyon« .
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Parmi les projets primés en 2025, celui des Laveries Solidaires. Un projet porté par l’association La Cloche. Clément Bolliet, étudiant, vice-président de la SMERRA, et membre du jury de l’Agitateur en 2025, nous explique cette sélection. « Parce que ça répond à un besoin primaire de tous les jours de l’ensemble des étudiants. Quand on a des surfaces de logements très petites, avec pas forcément la place de passer une machine, les laveries coûtent vite cher. Et au-delà même de ça, on se rend compte que dans le budget des étudiants, quand celui-ci est le plus restreint possible, la première chose qui passe à la trappe, ce sont les dépenses d’hygiène et de santé au quotidien. Donc toutes ces raisons-là nous ont amené à récompenser le projet de La Cloche« .
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Soulager le budget des étudiants
La Cloche est d’envergure nationale et dispose d’une antenne à Lyon. Une asso bien connue pour ses initiatives en faveur des personnes sans domicile. Son fonctionnement s’appuie en partie sur un réseau de bénévoles. Jean-Yves, que nous avons rencontré en fait partie. « Je suis à la retraite depuis 7 ans. Je voulais rencontrer du monde et j’aime bien parler. Du coup, j’ai trouvé cette association La Cloche, ça m’a plu. Ça fait 6 ans que j’y suis, mais ça fait 2 ans que je suis bénévole. Je fais des activités avec eux. Ils ont des activités tous les mois. pas des ateliers de cuisine, mais des ateliers de pâtisserie. Je fais des ateliers d’écriture, et je fais partie d’une chorale, je suis même référent de la chorale ».
Le constat est souvent le même pour celles et ceux qui vivent à la rue. Au-delà de la faim ou du froid, c’est l’isolement qui tue. « On devient invisible », témoignent souvent les personnes sans domicile. C’est pour combattre cette exclusion radicale que l’association La Cloche a vu le jour, avec une philosophie simple : tout le monde a un rôle à jouer.
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Mobiliser les commerçants de quartier
Chloé Joud est responsable de l’antenne de Lyon. « On essaie de recréer du lien entre les habitants et les habitantes qui sont en situation de rue et ceux qui ont un toit sur la tête. On travaille aussi avec un réseau de commerces solidaires. L’objectif, c’est d’aller chercher les commerçants de quartier, qui sont les premiers visages que les personnes en situation de rue peuvent voir le matin quand elles se réveillent. Besoin d’un petit café, besoin d’un sourire. L’idée, c’est que ces commerçants vont pouvoir proposer gratuitement des produits et des services pour ces personnes, sans que ça leur coûte forcément du temps. C’est simplement utiliser les toilettes, avoir accès à un verre d’eau, recharger son téléphone sans avoir à consommer dans le commerce. C’est aussi des commerçants qui vont offrir peut-être une coupe de cheveux…
La Cloche a voulu élargir son action. Son nouveau projet phare ? Un dispositif de laveries solidaires au cœur de Lyon. L’objectif est simple : proposer un accès à des machines à laver et des sèche-linge à des tarifs symboliques, voire gratuits, pour les étudiants et les personnes en situation de précarité.
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La Cloche veut rendre accessibles des machines à laver
Rebecca Puppo est coordinatrice de La Cloche. « Le projet a été lancé par le 107. et par la Métropole de Lyon, plus particulièrement Eau du Grand-Lyon. Le but, c’était de pouvoir rendre accessibles les laveries à des personnes en précarité. On a fait appel à nous, La Cloche, parce que du coup, on est au contact des personnes en précarité. On va aussi aller voir dans les accueils de jour partenaires, pour faire connaître ce projet. Trouver des partenaires de laverie aussi, qui puissent rendre accessibles ces machines à laver, des doses de lessive, des machines de séchage aussi. Ça fait presque trois ans qu’on est sur ce projet-là ».
4 000 euros de budget ont été alloués à l’association lyonnaise par la Fondation SMERRA afin de financer le projet. Cette somme doit ainsi permettre de financer 730 cycles de lavage-séchage, soit un an d’autonomie pour une quarantaine d’étudiants lyonnais.
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