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« La retraite, un âge à vivre en s’éloignant des idées de retrait »

La retraite - édito de Bernard Devert

Publié le dimanche 05 octobre 2025 05:52

Par Gérald Bouchon

Tous les mois, retrouvez sur Lyon Demain, l’édito de Bernard Devert, président fondateur d’Habitat et Humanisme

Chaque mois, Bernard Devert, président-fondateur d’Habitat et Humanisme, nous fait part de sa réflexion sur la société qui nous entoure. Avec son lot d’espoir et d’inquiétude… Son édito s’intitule : «  La retraite, un âge à vivre en s’éloignant des idées de retrait »

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La retraite, un âge à vivre en s’éloignant des idées de retrait

« Les maisons de retraite médicalisées doivent imaginer de nouveaux modèles pour devenir des lieux d’accompagnement.

Ces maisons, en l’état des propositions et des textes qui se préparent, ne sont pas appelées à être des structures autonomes pour se présenter comme « des établissements tampons » qui s’intégreront aux Ehpad afin d’éviter des hospitalisations dans les services d’urgence qui, pour nos grands aînés, sont des moments souvent traumatisants, parfois inutiles.

La Société est appelée à regarder en face la mort pour en faire un acte lié à la vie. L’aide à mourir, si elle recueille tant d’adhésion traduit – me semble-t-il – la volonté d’en découdre avec un interdit. Or, de par l’attention des soignants, nous relevons combien la poursuite de la vie est choisie par les patients à l’heure de la grande épreuve, pour autant que soit apporté un soulagement aux souffrances physiques et/ou psychiques.

Entendons l’hymne à la vie de nos soignants. Nos mains qui soignent ne sauraient être celles qui donnent la mort.

L’enjeu pour nous est de susciter des lieux de vie et comment mieux y parvenir que de s’investir sur l’enjeu des relations. J’entends ce mot d’un grand aîné, j’étais déjà mort socialement ; voici que maintenant, il me faut entrer en Ehpad pour mourir.

Vivre, c’est s’inscrire dans des relations. L’ouverture doit se bâtir en intégrant cette exigence tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nos maisons.

A l’intérieur, il nous faut s’assurer que nos résidents entendent et voient ; un enjeu majeur ! Il est parfois oublié.

Que de soignés ne parlent plus, y compris lors des repas, alors que la table est le lieu des liens. On ne vit pas seulement de pain, mais d’échanges.

La relation n’est jamais étrangère au service, joie pour celui qui l’offre, saisissant qu’il fait exister, comme celui qui le reçoit, comprenant qu’il compte. N’en privons pas nos aînés au risque, parfois avéré, de se sentir inutiles.

Dans son film « A feu doux », la cinéaste américaine, Sarah Friedland, met en exergue le fait que la vieillesse est une prison, un enfermement, par le fait, précisément, de ne plus avoir d’utilité sociale, au point de se penser comme un objet de soins.

Dans ce film nous voyons cette femme privilégiée par la vie à qui est imposée, par son fils, l’entrée en Ehpad. Surprise des membres du personnel de la voir s’installer à leurs côtés pour participer à la préparation des repas, d’où des relations de quasi-complicité qui vont naître entre eux.

Ouverture sur l’extérieur : pourquoi ne pas imaginer l’Ehpad comme un lieu d’une solidarité intergénérationnelle, accueillant par exemple des étudiants qui doivent se priver de repas, faute de ressources. A cette invitation, ils répondraient en participant à la vie sociale. La fragilité des uns, des autres se révèle un humanisme qui change la donne.

Il s’agit de suggestions ; d’autres sont à rechercher.

Le grand âge ne doit pas mettre au pilori la personne. Il est un temps pour apprendre et un autre temps pour entreprendre. Aucun des deux n’est enfermé dans des limites, si nous voulons bien considérer que vivre, commence par accueillir un sourire ou le donner, alors s’éveille une clarté indicible. Un horizon se fait jour.

Le prophète des pauvres qu’est Victor Hugo, dit fort justement, la vieillesse n’est ni l’âge d’or, ni les années de plomb. Si l’on regarde des jeunes on voit de la flamme et dans le regard des vieux, on voit de la lumière. Flamme de l’enthousiasme, lumière d’une sérénité, toutes deux donnent sens à la vie.

Bernard Devert

Septembre 2025

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La retraite - édito de Bernard Devert
Gérald Bouchon

Gérald Bouchon

Pionnier des radios libres, passionné de radio, journaliste et dirigeant de médias éco-responsables..

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