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« Des justes pour un monde plus humain » B. Devert

Chaque mois, retrouvez sur Lyon Demain, l’édito de Bernard Devert.

Chaque mois, Bernard Devert, président-fondateur d’Habitat et Humanisme, nous fait part de sa réflexion sur la société qui nous entoure avec son lot d’espoir et d’inquiétude… Son premier édito de l’année s’intitule « Des justes pour un monde plus humain ».

Bernard Devert nous formule ses voeux pour 2023 en évoquant la mémoire de Maria Nowak, surnommée ‘la banquière de l’espoir’. C’est elle qui créa l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique).

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Verbatim

Quelle belle tradition que de placer les premiers jours de la nouvelle année sous les auspices de l’hospitalité, une trêve au regard des hostilités, chacun souhaitant confusément qu’elle se pérennise.

L’heure des vœux est celle du partage pour faire naître et reconnaître le meilleur.

Ainsi, tout commence, ou recommence, avec des mots chaleureux. Ne viennent-ils pas illuminer un horizon, tel l’arc-en-ciel dont une des symboliques et celle de la bénédiction, une alliance entre l’esprit et le cœur donnant naissance à un monde plus serein, secret du bonheur.

Qui ne l’espère pas !

Seulement ce bonheur il ne s’agit pas seulement de le souhaiter, il convient de le bâtir.

Denis Diderot, philosophe et encyclopédiste des Lumières, aimait à dire que s’il voulait être heureux, il voulait que les autres le soient aussi. Les bavards du bonheur ne le construisent jamais. Ne nous perdons pas dans des vœux qui n’engagent en rien.

Que de fois nous nous surprenons à abdiquer face à la mocheté de situations ou de leur non-sens, ce qui est équivalent, se contentant de dire : nous ‘marchons sur la tête’.

Et si en 2023, nous décidions de ‘marcher la tête haute’

Et si en 2023, nous décidions de ‘marcher la tête haute’ au sens où l’expression traduit le refus de craindre les affronts, les moqueries ou le cynisme qui, immanquablement, se font jour pour résister à une déshumanisation plus prégnante qu’on ne le pense.

Nous entendrons sans doute à minima : ils rêvent !

Ne point esquiver les rêves de nos décisions, c’est justement choisir la vie, en veillant, suivant le mot de Bertolt Brecht à ce qu’on ne puisse jamais dire que les temps sont obscurs parce que nous nous sommes tus.

Il m’a été donné la chance de connaître cette grande économiste, Maria Nowak. Surnommée ‘la banquière de l’espoir’. Elle nous a quittés le 22 décembre.

Femme d’exception, née en Pologne dans une ville située dans l’actuelle Ukraine, elle n’a eu de cesse de s’investir pour les plus fragiles ; elle est reconnue notamment pour avoir fondé l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique –Adie – dont l’objet est d’offrir des prêts à ceux qui, n’ayant rien, se trouvent exclus du système bancaire.

« Le chemin d’humilité est le chemin des justes »

Cette belle figure d’humanité ne pourrait-elle pas nous inviter en cette nouvelle année à nous souhaiter les uns aux autres d’être des ‘justes’, se rappelant de ceux qui, avec intelligence et cœur, ont multiplié les audaces pour que la vie l’emporte sur les forces mortifères.

Maria Nowak connut la souffrance de voir son père, sa mère, sa sœur, déportés. Elle s’est battue constamment pour la liberté et la misère qui vient la contrarier. Ainsi, a-t-elle réussi à mettre en œuvre ce qui apparaissait à beaucoup comme impossible, pour le moins difficile.

Ce difficile fut le chemin sur lequel elle emmena des milliers d’entrepreneurs qui sans elle n’auraient jamais été soutenus.

Maria Nowak rappelle que là où l’initiative et la liberté sont promus par l’idéal du partage, il s’en suit des relations plus justes qui éloignent de l’arrogance de la force. Comment s’en étonner, le juste n’est-il pas celui qui ne cesse de proposer à temps et contretemps la noblesse du courage et de l’audace.

Le chemin d’humilité est le chemin des justes.

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